Compte rendu de la visite de l’exposition « ÉTATS DE SIÈGES » du 5 novembre 2016 au château de la ROCHE-GUYON
En partenariat avec le Musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines, l’association a pris en charge l’organisation de cette visite. Nous remercions toutes et tous ceux qui ont contribué à illustrer ce compte-rendu par la mise à disposition de leurs photographies.
Nous avons été accueillis au château avec beaucoup de courtoisie par Monsieur Yves CHEVALLIER, Directeur de l’Établissement Public du Château de la Roche-Guyon, où était présentée l’exposition « ÉTATS DE SIÈGES » jusqu’au 27 novembre 2016.
Monsieur Yves CHEVALLIER qui a commenté cette visite.
La cour du château où notre groupe a été accueilli par Yves CHEVALLIER.
Cette exposition ludique, d’emblée populaire et ouverte au plus grand nombre sans prérequis, la chaise Paire-La-Chaise des Morellet fait écho au Barbapouf et au siège à bascule Titi, aux superbes miniatures qui nous entraînent dans des maisons de poupées et dans notre petite enfance.
Le Musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines a prêté 26 chaises faisant partie des objets de ses collections. Les objets sur le design et les modes de vie constituent la collection la plus importante du musée. Ces collections pratiquement uniques en France font l’objet de nombreuses demandes de prêts.
Mais avant de découvrir cette exposition à l’intérieur du château, but de notre visite, nous avons envie de vous parler du château en rappelant de façon succincte quelques faits historiques le concernant.
LE CHÂTEAU
Armoiries du Château de la Roche-Guyon.
Le château de La Roche-Guyon se situe dans le Val-d’Oise, au cœur du Parc Naturel Régional du Vexin français, sur la rive droite de la Seine. Les seigneurs de La Roche, prénommés traditionnellement Guy, donnent leur nom au lieu : La Roche-Guyon.
L’arrière du château et son environnement verdoyant.
La forteresse, gardienne du château de la Roche-Guyon
Le château vu de la Seine.
Le château adossé à une falaise de craie domine une boucle de la Seine. il s’est développé au fil des siècles, avec un mélange de styles architecturaux. Son donjon fortifié, posé sur la colline, domine la vallée de la Seine depuis le XIIe siècle.
C’est la falaise de craie, facile à creuser, qui a abrité les premiers habitants de La Roche. La légende de Saint Nicaise et de Sainte Pience, premiers personnages connus de l’histoire de La Roche-Guyon, fait remonter au IIIe siècle la création de la chapelle troglodyte du château.
Entrée de la cour du château.
La tour du château..
Les maisons troglodytes creusées dans la falaise de craie.
Le château est relié à la forteresse du bas par un souterrain taillé en escalier. L’ensemble est parfaitement intégré dans un environnement verdoyant. Ses écuries monumentales du XVIIIe destinées à accueillir 99 chevaux sont impressionnantes et son potager-fruitier, créé au XVIIe siècle, étonne par sa structure.
L’ornement en fer forgé d’une grille du château mis en valeur sur ce fond de ciel.
L’entrée du château sous un ciel tourmenté contrastant avec le ciel de la photo précédente prise l’après-midi, le même jour.
Le XVIIIe siècle correspond à l’apogée du château de La Roche-Guyon. Le duc Alexandre de La Rochefoucauld puis sa fille, la duchesse d’Enville entreprennent de grands travaux qui modifient profondément l’ancienne forteresse pour lui donner l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui : les écuries, les deux pavillons, la cour d’honneur et son entrée monumentale.
Cette maquette exposée à l’entrée du château de la Roche-Guyon montre bien sa configuration.
Les blessures subies par le château – dont la plus spectaculaire a été celle de la destruction d’un tiers de son donjon pendant la Terreur comme symbole aristocratique – proviennent du bombardement allié de la Seconde Guerre mondiale.
Il n’a pas été nécessaire que le château soit assiégé ou occupé pendant la Seconde Guerre mondiale par l’armée allemande, le maréchal Rommel n’ayant emporté ni les tableaux ni l’argenterie, pour se retrouver dépouillé de son patrimoine. Sans le bombardement allié qui a éventré les écuries, la tour carrée, les communs alors que – ironie du sort – les troupes allemandes avaient déjà quitté le village, l’occupation du château se serait terminé sans dommage majeur.
Tapisseries commandées en 1767 par la duchesse d’Enville à la Manufacture Royale des Gobelins,
Les tapisseries, ainsi que leurs couleurs, se sont admirablement bien conservées.
C’est au XXe siècle que le château a perdu tout son patrimoine, lequel a été dispersé et fait l’objet d’enchères publiques en six vacations en 1987 au Sporting d’hiver de Monaco, place du Casino, par Sotheby’s (tableaux – dont les portraits de famille – mobiliers et tapisseries, douze mille ouvrages de la bibliothèque dont le manuscrit d’Émile Zola sur l’affaire Dreyfus, cent vingt sièges environ d’époques différentes ont quitté pour toujours ce lieu). Cependant, les tapisseries sont revenues au château dix ans plus tard, rachetées par le département à Karl Lagerfeld, elles décorent les murs du grand salon du château.
L’escalier qui mène en haut de la tour.
L’escalier est raide, mais l’effort aura sa récompense.
Vue panoramique de la tour.
Les plus courageux d’entre nous sont montés jusqu’au haut de la tour du château pour découvrir ces panoramas.
Ouf ! Ça vaut le coup d’œil !
Le potager-fruitier créé au XVIIe siècle, est aujourd’hui expérimental et productif, ses produits sont labellisés AB (Bio)..
LE SIÈGE DANS TOUS SES ÉTATS
Cette surprenante exposition intitulée « ÉTATS DE SIÈGES » nous a bluffés tant par la présentation judicieuse et esthétique des sièges aux formes et usages multiples, que par la mise en scène et leur mise en valeur dans un lieu où règne une atmosphère qui vous imprègne dès que l’on pénètre à l’intérieur du château. Chacun des sièges exposés raconte l’histoire de sa création, son époque, les matériaux employés, les modes ou les goûts qui changent au fil du temps. Suivant l’âge des visiteurs, les sièges contemporains évoquent des souvenirs personnels. La quantité de sièges exposés représente pratiquement autant que ceux qui ont disparus.
19 – Niki de Saint-Phalle – chaise Clarice, 1981 – 1982 – Polyester peint – Les Arts décoratifs, Paris.
39 – Fernando & Humberto Campana – Fauteuil Corallo, 2004 – Fil de fer courbé soudé et laqué orange – Centre national des arts plastiques.
50 – Fauteuil du roi de Rome, 1re moitié du XIXe siècle – Mobilier national.
104 – Vincent Mauger – Hardrocking chair extrem 360, 2007 – Contreplaqué – Les collectionneurs particuliers.
37 – Philippe Starck – Le centre national des arts plastiques.
75 – Siège à bascule Titi – Acier, tissu ; 71 – Henry Massonnet, tabouret Diabolo 1969-1970 – Polypropylène – Collection du musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Cette exposition est un geste d’amour envers le château qui est un château vide, mais qui continue d’exister au travers d’expositions et de créations. Il se relève de la dévastation de son patrimoine en devenant tout entier un cabinet de curiosité, c’est ce que nous vous proposons de découvrir aujourd’hui sur une idée de Christian OLIVEREAU, conservateur des antiquités et objets d’art du département du Val d’Oise, visite commentée par Yves CHEVALLIER.
Il est évident que ces photos ne peuvent pas vous montrer comment étaient exposés ces objets les uns par rapport aux autres. Ce que nous pouvons vous dire c’est qu’ils n’étaient pas classés par catégorie, ni par date, ni par époque, c’est un joyeux mélange des genres que nous avons découverts au fil de la visite, mais il y a derrière tout cela une scénographie bien pensée mettant chaque objet en valeur au regard curieux des visiteurs dans toutes les pièces et recoins de ce château.
02 – Fauteuil fin XVIIIe siècle – Hêtre sculpté – Les Arts Décoratifs.
34 – Maro Michalakakos – sans titre – 1996 – Bois, velours rasé – Centre national des arts plastiques.
35- Friquet et François Moellet – Chaise Paire-La-Chaise, 1997 – Bois de sycomore massif – CNAP ; 120 – Charles & Ray Eames – Chaise Wire Chair, 1951 – Fil d’acier soudé, tissu ou cuir – Prêt de l’entreprise Vitra.
74 – Luigi Colani – Machine à s’asseoir, 1973 – Polyéthylène moulé, jaune – Collection musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Tapisseries des Gobelins qui habillent les murs du grand salon.
32 – Philippe Starck – Tabouret Bubu 1er, 1992 – Polypropylène injecté – Centre national des arts plastiques.
123 – Franck Gebry – Chaise Winggle Side – 1972-2005 – Carton ondulé – Prêt de l’entreprise VITRA.
73 – Verner Panton – Chaise Système 1-2-3, 1973 – Acier, aluminium brossé, tissu – Collection musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines.
06 – Tabouret, époque Restauration (1814-1830) – Acajou, bronze doré – Les Arts Décoratifs, Paris.
25 – Philippe Starck – Fauteuil club Richard III, 1984 – Structure polyuréthane rigide laqué argent métallisé, coussins en polyuréthane expansé et Dacron recouvert de drap noir – Centre national des arts plastiques.
28 – Bob Wilson – Chaise Hamlet machine, 1987 – Structure en cornière perforée soudée, assise en tôle d’acier – Centre national des arts plastiques.
27 – Danny Lane – Chaise One off, 1986 – Verre et métal – Centre national des arts plastiques.
30 – Bernar Venet – Chaise, 1990 – Acier oxy coupé et ciré – Centre national des arts plastiques.
72 – Fauteuil, années 1970 – Osier – Collection musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Les chevauchements, les hybridations, les dérangements disent assez, et avec humour, l’esprit qui anime cette exposition.
98 – Chaise troubadour, vers 1830 – en chêne, velours – Le domaine départemental de la Vallée-aux-Loups – Maison de Chateaubriand
96 – Chaise à porteurs, 2e moitié du XVIIIe siècle – en bois, cuir, bronze -Château de Villarceaux.
92 – Chaise dite caquetoire, XVIIe ou XIXe siècle – France – en chaîne sculpté et tourné – Musée national de la Renaissance – Château d’Ecouen
94 – Fauteuil à dossier et assise cannés – XIXe siècle, Pays-Bas – Musée national de la Renaissance – château d’Ecouen
99 – Fauteuil roulant, 1930 – Métal peint, caoutchouc – Oeuvre conservée au musée de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris.
10 – Chaise, vers 1840 – Fonte de fer – Les Arts Décoratifs, Paris.
68 – Marc Held – Fauteuil Culbuto, 1967 – Fibre de verre, mousse, tissu – Collection du musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines.
14 – Hector Guimard – Chaise de la salle à manger de l’hôtel Nozal, vers 1900 – Bois, cuir – Département Art nouveau/Art déco.
80 – Pierre Paulin – Chauffeuse Mushroom (réédition 2000 – Structure en tube d’acier cintré, sangles en mousse recouvertes de jersey, semelle en contreplaqué – Collection du musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines.
81 – Annette Tison – Fauteuil Barbapouf, 2004 – Collection du musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines.
17 – Pierre Paulin – Fauteuil 582 dit Ribbon Chait, 1964 – 1966 – Les Arts Décoratifs, Paris.
111 – Gerrit Thomas Rietveld – Chaise Rouge et bleue, 1923 – Chêne – Réalisation (2016) : Le lycée professionnel La-Tour-Du-Mail.
114 – Franck Fontana – Le Tabouret, 2005 – Chêne – Réalisation (2016) : Le lycée professionnel La-Tour-Du-Mail.
Nous avons flashé, nous les saint-quentinois, sur cette statuette et nous aurions aimé l’emporter dans notre ville de Saint-Quentin-en-Yvelines qui porte son nom et l’intégrer dans les collections de notre musée de la ville.
103 – Saint-Quentin, 1re moitié du XVIe siècle – Pierre polychrome – Le parc naturel régional du Vexin français.
41 – Louis-François Mayeux – Fauteuil percé à entretoise, XVIIIe siècle – Bois naturel, cuir – Le Mobilier national.
110 – Fauteuil de lettré Chine, XIXe siècle – Bois – Les collectionneurs particuliers.
97 – Chaise bidet à nécessaire, 1re moitié du XIXe siècle – Bois placage acajou, cuit, faience – Le musée national de la Renaissance – château d’Ecouen.
122 – Verner Panton – Chaise Amoebe Highback, 1970 (réédition) – Structure stratifiée, mousse de polyuréthane- Prêt de l’entreprise Vitra.
Fauteuil non référencé dans le catalogue.
18 – Verner Panton – Chaise S 276, 1967 – Contreplaqué moulé laqué mat, métal chromé – Collection Les Arts Décoratifs, Paris.
69 – Peter Ghyczy – Siège de jardin Oeuf, 1968 – Polyuréthane, tissu – Collection du musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines.
113 – Fernando & Humberto Campana – Fauteuil Favela, 2003 – en pin – Lycée professionnel La-Tour-du-Mail.
70 – Kwok Chan – Fauteuil Zen, 1969 – Armature tubulaire, mousse polyéther – Collection musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines.
01 – Fateuil, début XVIIIe siècle – Noyer ou hêtre sculpté – Les Arts Décoratifs, Paris.
07 – Fauteuil gondole, vers 1825 – Erable, palissandre, tissu – Collection Les Arts Décoratifs, Paris.
12 – Chaise gondole, vers 1855 – Bbois laqué noir, papier mâché, incrustations de nacre, décor peint et doré – Les Arts Décoratifs, Paris.
13 – Pierre Sailly – Chaffeuse, vers 1860-1880 – Bois peint noir, décor vert, rouge et or, broderie au crochet sur canevas – Les Arts Décoratifs, Paris.
112 – Gerrit Thomas Rietveld – Chaise Zig-Zag, 1934 – Chêne, sipo – Le lycée professionnel La-Tour-Du-Mail.
Non référencé dans le catalogue.
Non référencé dans le catalogue.
26 – Guy Schneegans – Chaise Mana, 1985 – Ebène vert – Le Centre national des arts plastiques.
67 – Siège bébé, vers 1960 – Collection du musée de la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines.
20 – Gaetano Pesce – Fauteuil I Feltri, 1987 – Fetre de laine, résine époxyclique, chanvre, ouate de polyester, tissu matelassé – Les Arts Décoratifs, Paris.
24 – Patrick Cambolin – American 1981 – Bois, papiers froissés et peints, plastique. Le Centre national des arts plastiques.
La bibliothèque de la Duchesse d’Enville qui disposait jadis de douze mille livres a été reconstituée artificiellement avec des trompe-l’œil pour redonner vie à ce lieu. C’est ici que sont présentées dans des vitrines des miniatures de sièges et fauteuils.
52 – Serge Manzon – Chaise, 1977 – Chêne – Mobilier national ; 11 – Chaise volante, époque second Empire (1852-1870) – Bois laqué noir incrusté de nacre, satin – Les Arts décoratifs, Paris.
Pour l’anecdote, Edgar P. Jacobs, auteur de Blake & Mortimer, focalise une de ses intrigues dans son album de bande dessinée paru en 1960 « Le Piège Diabolique » sur un lieu à l’atmosphère insolite : la Roche-Guyon, en vente à la librairie du château.
Pour terminer cette visite, nous avons jeté un dernier regard sur des sièges en fer forgé disposés dans une petite cours du château où quelques feuilles mortes tombées au sol nous annonçaient les prémices de l’automne.
Trace d’anciennes maisons troglodytes creusée dans la falaise de craie.
Pour en savoir davantage, un livre a été édité à l’occasion de l’exposition « ÉTATS DE SIÈGES » avec une nouvelle et des photographies d’Alain FLEISCHER – Château de la Roche-Guyon – Éditions Artlys, mai 2016, en vente à la boutique du château de la Roche-Guyon.