Léon Teisserenc de Bort (1855-1913), créateur de l’observatoire météorologique de Trappes et inventeur de la stratosphère
Son père, Pierre Edmond (1814-1892) est polytechnicien. Il fut chargé en 1842 de l’inspection des chemins de fer, puis administrateur du chemin de fer Paris Lyon. Il fut également député, sénateur, ministre de l’Agriculture et ambassadeur à Vienne. Il fut aussi l’organisateur de l’exposition de 1878 et supervisa celle de 1889. Il possède une manufacture de textiles à Châteauroux et 1 000 hectares de terres divisés en une dizaine de métairies autour du château de Bort dans la Haute Vienne où il s’intéressa à l’amélioration de la race limousine. Outre un hôtel particulier avenue Marceau à Paris, il possède un portefeuille d’actions estimé à plus de 5 millions de francs or. Une fortune qui met toute la famille à l’abri des contingences pécuniaires.
Contrairement à son frère ainé Edmond (1850-1912) qui suivra les traces de son père dans l’exploitation agricole et au Sénat, Léon, né en 1855, prendra une toute autre voie. De santé fragile, il effectue dans sa jeunesse de nombreux séjour à Grasse accompagné de son précepteur Valette qui lui communiquera sa passion pour l’observation du ciel. Ensemble ils créeront un périodique traitant de météo. Le jeune homme multipliera les observations du ciel et en communiquera chaque mois les résultat à la société de météorologie dont il deviendra membre. La fortune familiale lui permet ensuite de se consacrer entièrement à sa passion sans se soucier de contraintes financières.
Il rejoint le bureau central météorologique en 1878, créé 6 mois plus tôt. De 1883 à 1890 il dirigera 5 missions en Afrique du Nord. Il publie alors 16 mémoires sur différents sujets ayant trait à la météorologie. Mécontent du manque de moyens de cet organisme public il le quitte en 1892 (année du décès de son père) pour développer ses propres recherches sur la haute atmosphère. Au sein de l’Organisation Météorologique Internationale il participe à l’élaboration du premier atlas international des nuages, paru en 1896 qu’il financera sur ses propres deniers pour pallier le manque de moyen de l’organisation.
La même année il installe à Trappes son observatoire météorologique privé entièrement financé par sa fortune personnelle sur un terrain de 6 hectares.
Il s’intéresse particulièrement à la structure verticale de l’atmosphère qu’il analyse d’abord avec des cerfs-volants ou des ballons captifs. Il utilisera ensuite des ballons sondes libres à partir de 1898, le développement des lignes électriques et l’apparition de l’aviation rendant les filins des cerfs-volants et ballons captifs trop dangereux. Ces ballons libres parcourrons de grandes distances jusqu’en Bohème ou même en Sibérie.
Léon Teisserenc de Bort réalisera ainsi plus de 1 200 séries de mesures de 1898 à 1906.
Ces campagnes de recherches vont l’amener à découvrir en 1899, qu’alors que la température de l’air diminue avec l’altitude, celle-ci se stabilise voire augmente à partir de 8 à 12 km selon les conditions atmosphériques. Il en déduira que l’atmosphère est composée de deux couches qu’il baptise troposphère (la couche inférieure) et stratosphère. Cette découverte fera l’objet d’une communication à l’Académie des sciences en 1902.
Il dirigera de nombreuses expéditions qui le mèneront en Russie ou sur les mers pour ses recherches météorologiques.
Il fut élu à l’Académie des sciences en 1910.
À sa mort en 1913 à Cannes, célibataire et sans enfants, il légua son observatoire de Trappes à l’État sous la condition que l’on y poursuive ses recherches sur l’atmosphère. Conformément à ses dernières volontés ce terrain est encore aujourd’hui occupé par Météo France qui continue à lancer deux fois par jour des radiosondes de façon automatisée.
La météorologie n’était pas le seul centre d’intérêt de Léon Teisserenc de Bort.
Il réalisa aussi des travaux de géophysique lors de ses expéditions dans le sud de l’Algérie et de la Tunisie et publia des cartes magnétiques de ces contrées en 1888.
Au cours de ses déplacements dans le Sahara algérien, il découvrit de nombreux silex taillés et des débris de poteries, indices que ce désert devait être plus habité qu’aujourd’hui pendant la préhistoire.
En 1885, à Filiach, près de Biskra en Algérie, il découvrit une nécropole préislamique de 20 hectares où les corps ont été ensevelis dans des jarres.
Synthèse effectuée par François DANY, vice-président de l’association, à partir des sources d’informations ci-dessous :
- Crédits photos : François DANY (image à la une et photo dans le corps du texte) ; Internet : carte postale du Château de Bort.
- Bibliographie : Trappes, mémoire d’avenir, Raymond Lavigne, édition Ville de Trappes ISBN 29510131-0-8 (en consultation au Centre de documentatin du Musée de la ville de SQY, cote TR.5 – À la bibliothèque : Anatole France à Trappes, cote 944.34 LAV). Atlas international des nuages, 2 volumes, Organisation météorologique mondiale, 1975, ISBN 92-63-20407-1& 2.
- Sur internet Wikipedia, articles sur : Pierre Edmond Teisserenc de Bort ; Edmond Teisserenc de Bort ; Léon Teisserenc de Bort ; Filiach.