PRÉSERVATION D’UNE AGRICULTURE DE PROXIMITÉ, EN MILIEU URBAIN
Cette visite a été organisée par notre association, commentée par Marc BAILLY, exploitant de la ferme de Villaroy, petit-fils d’Augustin Louis Félix HEURTEBISE, et Liliane GEX, membre du Conseil d’administration.
Au temps des seigneurs
Villa-Roy indique la création d’un domaine rural à l’époque féodal. La seigneurie de Villaroy dépendait de la châtellenie de Châteaufort et plusieurs fermes existaient déjà au XVe siècle.
Le 29 janvier 1693, les Dames de la maison de Saint-Louis située à Saint-Cyr deviennent propriétaire de la terre et seigneurie de Villaroy.
Le 14 mai 1695, le roi Louis XIV acquiert des Dames de Saint-Louis de Saint-Cyr la terre et seigneurie de Villaroy.
La commanderie de Villaroy appartenait jusqu’en 1748 à l’Ordre de Saint-Lazare et à Notre-Dame du Carmel (ordre hospitalier fondé vers le XIe siècle à Jérusalem). Elle consistait en une chapelle, bâtiment, granges, écuries, établis, bergerie, grande cour, jardin clos de mur… Elle fut achetée par le roi Louis XV, le 18 mars 1749, pour 20 000 livres.
Une autre ferme à Villaroy appartenait à Antoine de Reiz (archevêque de Paris). Il l’a vendue le 29 avril 1648 au profit de Pierre de Gilbert (seigneur de Voisins), mais elle a disparu du paysage au fil du temps.
La famille BAILLY possède un plan des environs de Paris dont les levés géométriques ont été établis par M. L’ABBÉ DE LA GRIVE de la Société royale de Londres et géographe de la ville de Paris. Dédiés à M. LE MARQUIS DE VATAN, prévôt des marchands et Messieurs les échevins de la ville en 1740.
Après la Révolution de 1789
Lors de la vente des biens nationaux, la ferme actuelle de Villaroy faisait 169,50 ha et celle de la Commanderie 167 ha achetées par un parisien, Pierre-Elie Henry. Elles étaient louées ensemble à des fermiers. Les bâtiments de la commanderie ont disparu du paysage au XIXe siècle. La ferme de Villaroy a été exploitée de père en fils par les Yvoré (le père ayant été fermier du roi).
Les temps modernes
En 1891, Augustin Louis Félix Heurtebise achète la ferme à Joseph Récamier, c’est la seule ferme de Villaroy ayant traversé le temps jusqu’à nos jours et exploitée aujourd’hui par un de ses descendants, Marc Bailly, son petit-fils.
Marc Bailly exploite 40 hectares de terre à Villaroy. Il nous raconte ses difficultés à maintenir une activité agricole rentable dans un environnement devenu urbain et le désir de sa famille de conserver le hameau de Villaroy dans son « jus », c’est-à-dire son aspect rural et champêtre. À proximité du Golf National et du Technocentre Renault, le hameau de Villaroy (à ne pas confondre avec le quartier de Villaroy), où le temps semble suspendu, offre un contraste surprenant avec le reste du territoire de Guyancourt.
Marc considère que la culture de proximité, c’est très bien à condition d’être sur place et de disposer d’une surface suffisante à cultiver pour vivre de son métier d’agriculteur.
Pour continuer d’exercer son métier, Marc exploite à Provins 200 ha en culture céréalière. Au hameau de Villaroy, avec seulement 40 ha morcelés en dix parcelles où il cultive du blé, du maïs et du colza, ce n’est pas possible pour lui de s’installer à demeure et d’en vivre, à moins d’intensifier beaucoup, ce qui serait contraire à une culture raisonnée ou bio. Peut-être qu’il faudrait changer de culture, par exemple faire des légumes et des arbres fruitiers plus appropriés au morcellement des parcelles de l’exploitation. Ce morcellement est dû à l’expropriation de leurs terres pour la construction en partie du Technocentre Renault et du Golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines.
De nos jours, pour qu’une exploitation soit rentable, même avec la PAC (politique agricole commune), il faut disposer de 200 à 300 ha et, en main d’oeuvre, une personne suffit avec les machines agricoles performantes d’aujourd’hui. Or pour cultiver 40 ha à Villaroy, il lui faut consacrer trois fois plus de temps qu’à Provins !
Pour la petite histoire, savez-vous que dans ce lieu hors du temps, trois panoramiques du film Week-End de Jean-Luc GODARD (film tourné en 1967 avec Anne WIAZEMSKY, Mireille DARC, Jean YANNE, Jean-Pierre LÉO et le LIVING THÉÂTRE), montrent pendant 7 minutes la cour intérieure de la ferme avec un échantillon du machinisme agricole de l’époque : 7 types de tracteurs différents, ainsi qu’une moissonneuse-batteuse. La sonate pour piano de Mozart est interprétée tout au long de la scène par l’acteur Paul GEGAUFF sur un piano à queue Bechstein avec Anne WIAZEMSKY (Petite-fille de François MAURIAC, mariée avec Jean-Luc GODARD) et les figurants, familiers de la ferme. Nous vous laissons imaginer la scène !!!
Hameau de Villaroy
La ferme de Villaroy vue de l’extérieur
Cette visite aux confins de Guyancourt s’est effectuée avec un temps clément et une douce température. Nous remercions Monsieur Marc BAILLY et sa maman Madame Odile BAILLY de leur accueil chaleureux.
Texte écrit par Liliane GEX et reportage photographique réalisé par Annick ADAM (©), membres du Conseil d’administration, cinq photos (image à la une, 29, 30, 31 et 32) proviennent de la collection de Jean GEX (©).